Stylisme pour la photographie culinaire - un guide pour les débutants
De la recherche de la lumière optimale à la mise en scène d’une assiette, la photographe culinaire Donna Crous explique comment faire ressortir la gourmandise qui sommeille en vous.
L’art culinaire nous fascine. Même des œuvres d’art datant du 15e siècle représentent la nourriture comme une source d’inspiration majeure. Les peintres y ont figé un moment dans le temps, dans la perspective la plus réaliste. Ces œuvres d’art dépeignaient tout, des festins et banquets somptueux aux repas de famille les plus simples autour d’une table. Ces derniers témoignent souvent de la frugalité et de la pauvreté à cette époque.
J’ai toujours été passionnée de cuisine et j’adore tout ce qui touche à la nourriture, des achats à la préparation des plats. La photographie culinaire s’inscrivait logiquement dans la continuité. Photographier les aliments, c’est savoir leur conférer une apparence délicieuse pour susciter la gourmandise. Cela dit, il n’est pas nécessaire d’être un chef cuisinier de haut niveau avec des compétences extraordinaires en matière de présentation. Non, ce qui compte, c’est d’avoir l’œil. De simples ingrédients trouvés dans la cuisine peuvent donner lieu à de magnifiques images qui mettent l’eau à la bouche. Pensez au jaune coulant d’un œuf à la coque, à une glace fondante dans une cuillère, à des baies ou à des tomates fraîches aspergées d’eau ou à une boisson gazeuse/du champagne versé(e) dans un verre.
Utilisez la lumière naturelle
Le soleil est une source de lumière idéale pour photographier les aliments, mais il est aussi incroyablement imprévisible et change de couleur et d’intensité au cours de la journée. C’est pourquoi de nombreux photographes culinaires professionnels préfèrent utiliser la lumière artificielle pour garantir l’aspect homogène de leurs photos. Nombre d’entre eux se sont néanmoins forgé une belle carrière en utilisant uniquement le soleil. Apprendre à le maîtriser et à l’utiliser peut s’avérer extrêmement gratifiant, et en fait très facile. Le secret réside dans la direction de la lumière par rapport à l’aliment ou à la boisson que vous photographiez.
Les aliments sont presque toujours photographiés à l’aide d’une lumière directionnelle, soit par le côté, soit par l’arrière. Ne photographiez jamais les aliments de face (voir ci-dessous à gauche), car ils manqueront de profondeur et de volume et n’auront tout simplement pas l’air appétissant.
Trouver sa lumière
La meilleure façon de trouver l’endroit idéal où installer votre espace photo dans la maison est de prendre un œuf et de faire le tour des différentes fenêtres. Vous positionnerez l’œuf de manière à l’envelopper d’une belle ombre rasante, la partie la plus éclairée étant située côté fenêtre (voir ci-dessus à droite). L’idéal est d’obtenir une lumière douce et filtrée, à l’aide d’un diffuseur ou par temps couvert ; heureusement, ici au Royaume-Uni, où je réside, nous ne manquons pas de jours nuageux.
Les jours où le temps est maussade et sombre, il peut être préférable de « renvoyer la lumière ». Pour ce faire, positionnez un écran réfléchissant (une feuille d’aluminium ou un carton blanc conviennent parfaitement) du côté opposé des aliments. La lumière est ainsi renvoyée sur le plat, ce qui a pour effet de renforcer l’ombre. Les ombres sont vos amies, mais il faut les utiliser à bon escient pour ne pas alourdir la scène. Il est donc essentiel de trouver un juste milieu.
Choisir sa direction
La direction de la lumière dépend entièrement du plat ou de la boisson que vous photographiez et du style que vous préférez. La règle d’or est d’appliquer un éclairage latéral unidirectionnel. Le contre-jour pour les boissons translucides comme les cocktails, les aliments de faible hauteur tels que les tartes recouvertes d’un glaçage brillant ou les gaufres au miel fonctionne à merveille. L’avantage du numérique, c’est que si vous n’êtes pas sûr de vous, vous pouvez prendre vos photos dans les deux sens et choisir le résultat que vous préférez.
Savoir utiliser les objectifs
Le meilleur objectif de départ pour photographier vos plats est le NIKKOR Z 50mm f/1.8 S. C’est l’objectif idéal pour nous, les gourmands, et grâce à son prix raisonnable, votre investissement sera largement récompensé. Plus tard, l’ajout d’un NIKKOR Z 85mm f/1.8 S et d’un objectif macro à votre équipement vous permettra de varier les plaisirs. Bien que les objectifs soient importants, il est essentiel de comprendre et de maîtriser l’utilisation de votre appareil photo en mode manuel.
Sensibilité (ISO)
De nombreux blogs de photographie culinaire recommandent de photographier les aliments avec une sensibilité de 100 ISO. Je pense que c’est inutile et que cela rend l’apprentissage des autres fonctions du triangle d’exposition encore plus difficile. Je recommande toujours une sensibilité supérieure aux débutants, surtout s’ils ne disposent pas d’un trépied solide. Cela dit, plus la sensibilité est basse, plus l’image est nette. Essayez donc de la maintenir aussi basse que possible ; mais ne sacrifiez pas votre vitesse d’obturation si vous n’utilisez pas de trépied.
Vitesse d’obturation
La vitesse d’obturation en photographie culinaire est un aspect essentiel du triangle d’exposition, en particulier si vous essayez de saisir l’écoulement d’un liquide. Essayez de maintenir la vitesse d’obturation à 1/125 s ou plus lors de prises de vue à main levée, car tout réglage inférieur peut donner lieu à un bougé d’appareil et rendre l’image floue. L’utilisation du posemètre de votre appareil photo devrait garantir une exposition parfaite de l’image.
Ouverture
Il n’y a pas de règle en matière d’ouverture, car tout dépend du message que vous souhaitez faire passer dans la scène. Je préfère photographier directement une scène avec une ouverture plus grande, ce qui génère une faible profondeur de champ. L’utilisation d’une valeur de diaphragme d’environ f/3.5 et le choix d’un « héros » ou d’un élément central comme point focal permettront d’attirer l’attention sur la zone que vous souhaitez mettre en valeur. Pour une prise de vue en plongée ou à plat (« flat lay »), vous souhaiterez une mise au point sur toute l’image. Une ouverture plus petite, à partir de f/5.6, est donc idéale.
Balance des blancs
De nos jours, les appareils photo numériques de Nikon sont très avancés en matière de réglages de la température de couleur, ce qui permet plus que jamais d’obtenir un bon équilibre colorimétrique. En laissant votre appareil photo réglé sur la balance des blancs automatique et en prenant des photos au format RAW, vous pouvez corriger les éventuels problèmes de balance des blancs en postproduction.
Donner du style à votre scène
Avant que vous ne posiez la question, oui, tous mes aliments sont authentiques et parfaitement comestibles. J’ai l’impression que les photographes culinaires ont la mauvaise réputation de tricher avec les aliments. Il est vrai que dans les plus grosses prises de vue commerciales, de nombreux substituts sont utilisés en raison de contraintes de temps ou parce que les aliments se détériorent rapidement. Néanmoins, lorsque vous photographiez chez vous à la lumière naturelle, nul besoin de recourir à des subterfuges. Si vous craignez que les aliments ne se détériorent, utilisez un ingrédient de substitution pendant la configuration de la scène ou les réglages de l’appareil photo, et ce avant d’ajouter le plat.
Le guide de Donna sur le stylisme culinaire :
- gardez vos ingrédients frais et hydratés – l’appareil photo ne ment jamais !
- Utilisez des assiettes plus petites, habillez la scène avec des coupelles d’herbes aromatiques, d’épices ou de fruits.
- Les accessoires neutres font très bien ressortir les aliments.
- Les tissus embellissent l’aspect visuel en ajoutant de la texture et une ligne directrice.
- Faites attention aux reflets, en particulier avec les couverts brillants.
- Trouvez des arrière-plans intéressants qui ajoutent du relief. Les surfaces en vinyle sont faciles à nettoyer en cas de déversement de liquides. Les planches de bois, le papier journal, le papier cuisson, les partitions de musique, les échantillons de papier peint, les carreaux en céramique constituent également des surfaces magnifiques et originales. Essayez d’éviter les dessus de table en pin, car ils peuvent prendre une teinte très jaune/orangée, quelque peu envahissante.
- Ne ressentez pas le besoin de remplir l’espace ; le vide peut produire un effet très esthétique.
- Les nombres impairs permettent de créer de meilleures compositions. Par exemple, 1, 3 et 5 (petits gâteaux, verres, assiettes) sont visuellement plus attrayants.
- En cas de doute, formez un triangle en plaçant trois plats/verres ou en empilant du pop-corn.
- Veillez toujours à ce que vos accessoires soient adaptés au plat. Ajouter une théière en arrière-plan d’un plat au curry n’est pas l’idéal.
Ajouter de l’originalité à vos clichés
Lorsque l’on photographie différents plats, on peut avoir l’impression, au fil du temps, qu’ils se ressemblent tous. C’est à ce moment que vous devez faire appel à un membre de la famille et le mettre à contribution, soit en ajoutant ses mains sur la photo, soit en lui faisant tenir un plat, ou pour les personnes timides, en le positionnant en arrière-plan. La présence d’une personne sur le cliché aide vraiment l’observateur à s’identifier à la scène. Si vous êtes seul ou si aucun membre de votre famille n’est disposé à vous aider, utilisez un trépied et réglez votre appareil photo sur un minuteur. J’ai programmé mon appareil photo pour qu’il prenne dix images par session, ce qui me permet de parfaitement capturer une scène de goutte à goutte ou d’aspersion, sans trop de va-et-vient.
Ce qui a commencé comme un loisir est devenu pour moi un métier à plein temps, simplement en m’exerçant et en développant un style unique et reconnaissable. J’aimerais avec grand plaisir voir d’autres photographes et cuisiniers utiliser les conseils ci-dessus pour créer des images sensationnelles à l’aide d’ingrédients et d’accessoires trouvés dans la maison !
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