Les paysages urbains avec Ben Moore

Quel était ce premier appareil photo ?

C’était un Nikon D3000 que j’avais acheté à un ami. J’adore les gadgets, aussi un appareil photo capable de changer d’objectif ne pouvait qu’être indispensable. Je me souviens avoir pensé : « Pourquoi n’ai-je pas ça ? » Je n’avais aucune idée de ce que je faisais ou des objectifs dont j’avais besoin, parce que je ne savais pas quel genre de photographie je voulais faire. J’ai commencé par acheter un objectif 50 mm parce que j’estimais que c’était un objectif précis. Ensuite, j’ai acheté ce que j’ai personnellement considéré comme étant le pire des objectifs, à savoir un Nikon AF-P DX NIKKOR 70-300mm f/4.5-6.3G ED. Il était terriblement lourd ! J’ai constaté que le 50 mm me convenait et que je faisais de bonnes photos, ce qui n’était pas le cas avec l’objectif 70-300 mm. J’ai donc appris de mes erreurs. Je ne savais pas que cet appareil photo serait une boîte de Pandore. J’ai vraiment l’impression que la photographie m’a trouvé et non l’inverse.

Comment est né votre amour pour la photographie architecturale et urbaine ?

Je faisais déjà de la photo depuis un moment et j’avais acquis toutes sortes de compétences auprès de différentes personnes. C’est alors que je me suis lancé dans l’urbex, qui vient du terme « Urban Exploring » (exploration urbaine) et j’ai rencontré quelques personnes qui faisaient des photos pour Instagram et nous sommes partis photographier des bâtiments. Je me suis vraiment passionné pour les lignes des bâtiments, les escaliers en colimaçon et tout cela a pris de l’ampleur au point de devenir mon sujet préféré. À cette époque, je photographiais beaucoup de choses différentes pour les autres, mais pas pour moi. J’avais travaillé avec des gens qui faisaient des photos de mode dans des studios et d’autres choses et je savais que je ne voulais pas entrer dans ce secteur.

Dans beaucoup de vos clichés, il n’y a maintenant plus de personnes. Est-ce une préférence ?

Quand on a accès à un bâtiment vide, on a vraiment beaucoup de possibilités. Parfois, j’ai envie qu’une personne sur la photo donne une impression de grandeur, ou qu’une personne soit dans la photo parce que cela correspond au flux de l’image – peut-être un homme d’affaires en costume dans un immeuble de bureaux, un détail significatif ajouté à l’histoire. J’aime les bâtiments vides. Les lignes directrices et la symétrie sont mon pain quotidien, mais tout dépend de ce que l’on obtient sur le moment. Si vous voyagez et que vous n’avez qu’une seule fois le temps de visiter un endroit, vous travaillez avec ce qui s’y trouve.

Prenez-vous des photos entièrement en mode manuel ?

La plupart du temps, oui. Mais voilà, je ne pense pas que l’on soit tenu de photographier d’une certaine manière. Il faut photographier comme on le sent. Les appareils photo disposent de toutes ces fonctions pour nous faciliter la vie. Par conséquent, si vous voulez utiliser le mode auto, la priorité ouverture ou la priorité vitesse, faites comme bon vous semble. Surtout quand vous débutez. Il est bien plus important de réussir la composition de l’image et la mise au point. Je photographie en mode manuel parce que je veux avoir plus de contrôle sur l’appareil photo. Et c’est ce que font les gens quand ils ont confiance dans leur composition.

Dans quelle mesure la retouche joue-t-elle un rôle dans vos photos ?

Je trouve que la retouche ajoute ma signature. C’est toujours la photo qui compte. Il faut donner l’impression que personne d’autre n’aurait pu la prendre. Parfois, je ne fais pratiquement aucune retouche et parfois j’utilise beaucoup Photoshop. Regardez toujours chaque prise de vue et découvrez ce qui la rend encore plus efficace.

La photographie aérienne est une autre spécialité. Comment cela a-t-il commencé ?

Un ami m’a offert un vol en hélicoptère pour mon anniversaire et j’ai été scotché ! Ensuite, un autre ami a reçu un drone et parce qu’il en avait un, j’ai aussi voulu en avoir un ! Passé le sentiment de nouveauté, il ne s’en est plus servi, alors que j’ai poussé l’expérience bien plus loin. J’ai cherché sur Google Maps des motifs à découvrir et à photographier. Voici d’ailleurs un conseil pour les débutants : n’achetez pas des choses simplement parce qu’elles sont nouvelles pour ensuite les laisser au placard. Si vous achetez quelque chose de nouveau, utilisez-le, sortez et soyez créatif. Prenez beaucoup de photos et apprenez à vous servir de votre acquisition.

Y a-t-il une différence entre la photographie avec un drone et un hélicoptère ?

Bien entendu, les hélicoptères sont meilleurs pour l’expérience ! Mais avec le drone, on peut obtenir des photos d’une netteté et d’une précision supérieures. Cela dépend vraiment de ce que l’on veut.

Photographiez-vous principalement avec le viseur électronique ou avec le moniteur ?

J’utilise les deux, mais cela dépend de la situation et du niveau de précision que je souhaite atteindre. S’il s’agit de lignes droites, je dois garder l’œil sur l’appareil, mais dans d’autres situations, je peux utiliser le moniteur. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire, l’essentiel est d’obtenir les prises de vue.

Est-il difficile d’avoir accès aux bâtiments dans lesquels vous photographiez ?

Londres est la ville la plus difficile. Il y a beaucoup d’administration et cela peut être très compliqué. J’ai réservé des rendez-vous avec des entreprises juste pour avoir une bonne raison d’être dans leur hall afin de pouvoir le photographier ! D’autres pays en Europe sont beaucoup plus accueillants. Si je devais avoir un bâtiment préféré à photographier, un bâtiment riche en possibilités, ce serait la cathédrale Saint-Paul. Il y a tellement de choses là-bas et l’architecture environnante, c’est vraiment un bon endroit pour apprendre quand on débute. Il suffit d’y aller, de regarder autour de soi et de photographier ce qui attire votre œil.

Qu’y a-t-il dans votre sac la plupart du temps ?

Le Nikon Z 9 ainsi que le NIKKOR Z 14-24mm f/2.8 S, le NIKKOR Z 24-70mm f/2.8 S et le NIKKOR 70-200mm f/2.8 VR S – j’ai le trio complet. J’utilise aussi le NIKKOR Z 85mm f/1.8 S et mon drone, mon trépied, mes microphones... C’est mon équipement de base.