Pourquoi f/2.8 est-elle l’ouverture magique par excellence ?
D’après de nombreux avis, notre nouvel objectif NIKKOR Z 70-180mm f/2.8 offre la meilleure valeur d’ouverture possible. Alors, pourquoi l’ouverture f/2.8 est-elle si prisée ? Comment en tirer le meilleur parti ? Le directeur créatif et photographe Dom Salmon nous l’explique…
La création d’images, qu’il s’agisse de photo ou de vidéo, est une discipline très personnelle. Nous avons tous nos préférences en matière de réglages, techniques, modes de prise de vue et styles de retouche. Il y a autant d’avis qu’il y a de photographes et de vidéastes. Pourtant, il y a une chose sur laquelle presque tout le monde s’accorde : l’ouverture f/2.8 est magique. Mais pourquoi cette ouverture met-elle tout le monde d’accord ?
Si vous vous rendez un jour à un rassemblement de vidéastes, vous rencontrerez à un moment ou un autre une personne qui regardera d’un air mystérieux vers l’horizon en disant : « f/2.8 ? C’est Le Parrain, directement. » *On entend couramment dire que f/2.8 est l’ouverture magique pour le cinéma. Mais pourquoi ? C’est l’ouverture observée dans de nombreux films classiques, et au-delà d’être un choix créatif, il s’agissait d’un choix pratique.
Avancer à l’aveugle
À l’époque de la pellicule, les cinéastes avaient un problème : pour obtenir une image qui ne génère pas trop de grain, et donc de meilleure qualité pour une projection sur grand écran, ils devaient utiliser une pellicule à faible sensibilité ISO. Les films classiques se situaient généralement dans une plage de 50 à 100 ISO.
Mais ces films n’étaient pas très « lumineux ». Il fallait projeter beaucoup de lumière pour obtenir l’exposition voulue, et la manière la plus évidente de le faire était d’ouvrir l’objectif pour en laisser entrer davantage. Mais pourquoi 2.8 ? Si les objectifs peuvent être plus lumineux que cela, alors pourquoi ne pas aller plus loin avec, par exemple, f/1.4 ? Encore une fois, l’aspect pratique a joué un rôle significatif.
Le pointeur était toujours le premier licencié sur un tournage. On pouvait avoir la séquence parfaite. Tous les acteurs étaient placés, la voiture en arrière-plan avait explosé au bon moment et l’acteur principal avait tiré une larme au réalisateur en déclamant sa réplique avec justesse et émotion. Et puis… « COUPEZ ! »
Si en regardant les rushes, la scène n’était pas nette, elle était inutilisable : le pointeur était viré et on avait un jour de retard sur le planning.
Donc, bien qu’une ouverture au-delà de f/2.8 ait été possible, elle signifiait une mise au point sur les sujets des plus complexes, particulièrement en y ajoutant du mouvement. N’oubliez pas qu’à f/1.4, les cils peuvent être nets, sans que l’œil le soit. Le plan focal avec lequel vous devez travailler est extrêmement réduit.
Là encore, l’ouverture f/2.8 semblait offrir le meilleur compromis entre lumière et profondeur de champ, donnant ainsi la « fenêtre » de mise au point la plus pratique pour travailler.
La raison la plus terre à terre pour laquelle les grands cinéastes se sont arrêtés au f/2.8 réside dans les performances de l’objectif. Les objectifs devenaient plus maniables en réduisant l’ouverture maximale de quelques incréments. Les bords du cadre devenaient plus nets avec un effet de vignetage réduit, et présentaient moins d’aberrations chromatiques, avec plus de contraste et de relief.
Prenez un film comme Taxi Driver. Ces incroyables scènes nocturnes de Travis conduisant son taxi dans les rues de New York ont été prises avec des objectifs ouverts à f/1.4, car Martin Scorsese et le directeur de photographie Michael Chapman devaient faire en sorte que le moindre rayon de lumière passe dans le film pour pouvoir discerner quelque chose. La mise au point est assez « douce », le flou d’arrière-plan des lampadaires présente une forme triangulaire étrange, et on peut à peine voir De Niro. Cela fonctionne artistiquement, mais si l’intégralité du film était tournée de cette manière, vous penseriez probablement devoir prendre rendez-vous chez l’opticien en sortant du cinéma.
Ainsi, comme vous pouvez le constater, de nombreuses considérations techniques ont fait de l’ouverture f/2.8 un « héros » du cinéma, ce qui explique pourquoi on la retrouve dans autant de vidéos. Cependant, une grande partie de ces réglages n’est pas si pertinente pour les photos, alors pourquoi est-ce aussi une ouverture incontournable pour les photographes ? Eh bien, les meilleurs photographes cherchent toujours à raconter une histoire, que ce soit en vue par vue ou 60 images par seconde. C’est là que l’incroyable f/2.8 se révèle.
Images sensationnelles
L’ouverture f/2.8 est une des armes secrètes du sac photo des portraitistes. Lorsque le diaphragme d’un objectif f/1.4 est complètement ouvert, il peut transformer une mise au point faible en effet. C’est un très bon outil lorsqu’il est bien utilisé, mais il est susceptible de détourner l’attention de votre sujet. N’oubliez pas que c’est leur histoire que nous voulons raconter. Avec une ouverture f/2.8 sur une focale de portrait (environ 70 à 100 mm), la zone de l’extrémité du nez jusqu’aux oreilles sera assez nette, ce qui vous permettra de vraiment mettre votre sujet au cœur de l’image, avec la mise au point s’atténuant délicatement et progressivement en périphérie de la zone.
Je suis un grand amateur de portraits non réalisés en studio, lorsque tout le visage est net, mais que même en incluant l’arrière-plan pour donner une atmosphère, celui-ci reste agréablement dans son « rôle de toile de fond » : on peut comprendre où la photo a été prise sans se déconcentrer du sujet.
L’ouverture f/2.8 est également très bien adaptée à la photographie de rue, car elle offre une véritable profondeur et plusieurs niveaux d’action dans l’image. Vos acteurs parlent avec un marché animé en arrière-plan ? Pour moi, il est toujours préférable de séparer les sujets au premier plan de l’arrière-plan avec la mise au point : certaines images peuvent être trop détaillées.
En fin de compte, l’ouverture f/2.8 est agréable pour les spectateurs, car elle imite la manière dont nos yeux perçoivent une scène. Inconsciemment, nous nous concentrons et nous ne « voyons » que ce qui nous intéresse tout en filtrant les distractions qui l’entourent. Cette ouverture aide à recréer cette sensation sur un plan plat de façon incroyablement réaliste.
Pour la photographie de rue, je change généralement d’autofocus pour privilégier la zone centrale. De plus, je vous conseille de vous familiariser avec la « mise au point avec le bouton arrière », sans lier le déclencheur à l’AF. Cela vous permet de mieux contrôler votre mise au point.
Des films émouvants
Maintenant que nous avons vu en détail ce que l’ouverture f/2.8 peut apporter sur le plan émotionnel lors d’une prise de vue photographique unique, vous commencez sûrement à comprendre son pouvoir narratif : cet aspect émotionnel significatif se vérifie tout autant pour la réalisation de vidéos.
Prenez un acteur ou une personne interviewée dans un cadre, en train de parler. C’est l’une des configurations les plus simples qui existe.
Mais avec un objectif entièrement ouvert à f/1.4 ? Soudain, votre spectateur perd toute idée de l’endroit où se situe la scène. Est-ce un véritable lieu ? Est-ce un studio ? Est-ce un écran vert ? Un élément narratif essentiel de votre scène ou de votre dialogue est perdu. À l’inverse, lorsque tout est très net, le héros fait littéralement partie du paysage, car si vous vous concentrez sur tout, plus rien ne ressort. En fin de compte, f/2.8 est une ouverture cinématographique, car elle fait réfléchir en termes de réalisation.
Vous commencerez à vous poser des questions telles que :
- Quel type d’éclairage peut créer une véritable profondeur entre mon sujet et l’arrière-plan ?
- Où dois-je placer les personnes dans mon image pour m’assurer qu’elles captent l’attention du public ?
- Quel mouvement d’appareil photo peut m’aider à modifier totalement cette scène sans effectuer de retouche ?
- Comment puis-je utiliser l’arrière-plan pour indiquer le lieu sans que cela soit distrayant ?
Il ne s’agit pas de résoudre des problèmes techniques. Il s’agit de faire de véritables choix artistiques.
Une offre irrésistible
Les performances en condition de faible luminosité des appareils Nikon Z vous permettent de photographier avec des paramètres de sensibilité faible dans des environnements beaucoup plus sombres que vous ne le pouviez auparavant : f/2.8 peut donc être suffisamment large, même dans des lieux présentant des caractéristiques plus complexes.
Ces performances en condition de faible luminosité exigent également moins d’éclairage supplémentaire : un simple réflecteur, plutôt qu’un éclairage DEL, peut suffire pour faire ressortir les détails du visage d’une personne, tout en assurant un éclairage plus naturel de la scène.
En ajoutant la précision de la mise au point automatique avec un suivi du regard à la netteté offerte par la profondeur de champ d’une ouverture f/2.8, votre appareil photo saura s’adapter à bien des situations (et suivra l’action avec une précision exceptionnelle dans le cas d’appareils comme le Nikon Z 8). Vous raterez rarement une image en raison d’un manque de netteté. Vous pourrez donc vous concentrer sur la relation que vous créez avec votre sujet pendant la prise de vue, plutôt que sur votre bague de mise au point.
En vidéo, vous pourrez déplacer votre appareil photo ou votre sujet (ou mieux encore, les deux) en toute confiance, en sachant que le point focal principal sera parfaitement net, même pour les impitoyables résolutions 4K+.
L’ouverture f/2.8 hautement performante n’est plus réservée aux objectifs très chers non plus. Le NIKKOR Z 17-28mm f/2.8 et le NIKKOR Z 28-75mm f/2.8 sont des zooms très utiles à un prix plus abordable que les versions Pro S, qui offrent des résultats impressionnants.
Pour une focale plus longue, les résultats vidéo obtenus à f/2.8 avec le NIKKOR Z 70-180mm f/2.8 sont exceptionnels.
En fin de compte, l’ouverture f/2.8 est devenue la grande favorite compte tenu de sa polyvalence. Il s’agit de l’ouverture par excellence, celle qui s’adapte à toutes les situations, que vous preniez des photos ou tourniez des vidéos, tout en vous offrant une nouvelle palette de choix créatifs. Essayez-la et tout s’éclairera, littéralement.
*Remarque : Le Parrain a en fait été tourné avec des objectifs de cinéma « Super Baltar », souvent à T2.3 (ouvertures photométriques qui mesurent la quantité de lumière entrant dans les objectifs de cinéma plutôt que les ouvertures des objectifs photographiques, qui mesurent la taille de l’ouverture), mais l’argument est là !
Atteindre de nouveaux sommets
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Une créativité sans limite