Aurélie Gonin, vidéaste spécialisée dans les sports de montagne, nous parle des tournages sur la neige (et des réglages associés)
Réseauter, ne jamais avoir peur de la nouveauté et profiter du moment présent : voilà les ingrédients qui ont hissé Aurélie au sommet de sa profession
Aurélie Gonin, ambassadrice Nikon, est l’une des photographes et cinéastes les plus en vue dans le domaine des sports alpins, et s’efforce toujours de montrer les liens entre l’environnement, les émotions, l’engagement et la dextérité de ses sujets. Son travail est publié dans de nombreux magazines à travers le monde, et diffusé dans des festivals de cinéma et à la télévision. Aurélie a fait ses débuts à Paris en travaillant comme directrice de la photographie et directrice technique d’une école de journalisme, avant de retourner dans les Alpes françaises, sa région natale, il y a douze ans pour filmer des sports de montagne à plein temps. Depuis, elle a également couvert les Jeux olympiques d’hiver et d’été, ainsi que d’autres grands événements sportifs dans le monde entier.
Si je pouvais remonter le temps…
« J’aurais quitté Paris plus tôt. Quoique ce fut un bon point de départ. J’ai beaucoup appris, créé mes réseaux et rencontré de nombreuses personnes. J’y ai fait un master et un stage dans un magasin de location d’appareils photo. C’était l’époque des pellicules 24x36, et je voulais donc me familiariser avec le matériel et connaître les personnes qui l’utilisaient. C’est comme ça que j’ai obtenu mes premiers emplois, car on me disait toujours : « Travaillons ensemble ». »
Combinez arrière-plan et émotion
« Les sports alpins allient un magnifique arrière-plan, une lumière extraordinaire et une action impressionnante. Je respecte vraiment les athlètes pour leur engagement. Mon travail est une véritable collaboration entre l’athlète et le photographe », explique Aurélie. « J’aime être proche de l’athlète pour voir l’émotion dans ses yeux. Je veux montrer leur force et leur dévouement. »
Faites régulièrement de l’exercice
« Mon niveau d’athlétisme est inférieur à celui des personnes que je filme, mais mon premier outil est mon corps et j’essaie de rester en forme pour pouvoir accéder à différents endroits sans trop me fatiguer. Je vais souvent en montagne pour apprendre les comportements de sécurité à adopter, les endroits adaptés et les périodes idéales pour m’y rendre, et je cherche constamment à améliorer mes compétences en alpinisme, y compris l’utilisation d’équipements de sécurité, car cela fait partie de mon travail », ajoute-t-elle. « Ne vous laissez jamais envahir par la paresse, car la plus belle lumière brille tôt le matin ou tard le soir ! »
Rassemblez votre matériel
« J’utilise un Nikon Z 8 et un Nikon Z 9 », explique Aurélie. « Si je sais que je vais faire de l’escalade ou du ski, je prendrai le Nikon Z 8. S’il y a une grosse tempête, j’utilise le Z 9, car sa taille me permet de le manier avec plus de confiance dans les environnements neigeux hostiles. Mes objectifs sont principalement des zooms, c’est-à-dire le NIKKOR Z 14-24mm f/2.8 S, le NIKKOR Z 24-120mm f/4 S et le NIKKOR Z 100-400mm f/4.5-5.6 VR S. Le zoom que j’utilise le plus est le NIKKOR Z 24-120mm f/4 S. J’utilise également des filtres ND pour la neige. Pour la photographie, il est possible d’augmenter la vitesse d’obturation, mais pour la vidéo, on est plus limité. Il faut donc réduire la quantité de lumière avec les filtres ND, sinon il y en a trop !
En savoir plus : Le guide indispensable des filtres : que faut-il utiliser pour la neige, l’eau et les effets ?
Découvrez la bande-annonce de Greenlandic, réalisée par Aurélie Gonin avec le Nikon Z 9
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Tournez des vidéos en mode manuel
« Je filme toujours en manuel pour que l’exposition, la sensibilité et la balance des blancs restent identiques pendant toute la durée de la prise de vue. J’utilise l’autofocus pour suivre les mouvements de l’athlète car il n’en rate aucun », explique Aurélie.
Réglages de tournage habituels :
Encodage vidéo : H.265 10 bits
Définition : 4K (3840x2160)
Cadence de prise de vue : 60 vps ou 120 vps
Ce que je conseillerais aux photographes en herbe, c’est…
« Trouvez votre propre style. Avec les tendances des réseaux sociaux, la photographie et la vidéographie de sports de montagne peuvent paraître sans relief. Je conseille aux gens de trouver leur propre style plutôt que de copier un style que d’autres font déjà très bien. Pour les photographes débutants, je conseille de débuter en établissant une collaboration avec un athlète, car ils ont besoin de beaucoup de contenu pour leurs réseaux sociaux : ils ont besoin de photographes et les photographes ont besoin de modèles. C’est une bonne collaboration, car lorsque ces athlètes obtiennent davantage de sponsors et que ces derniers ont besoin d’un photographe, nous sommes déjà présents. »
Ne vous spécialisez pas par obligation
« Je fais beaucoup de choses différentes. Je suis réalisatrice, monteuse, photographe, journaliste, formatrice et conférencière », explique Aurélie. « Je ne pense pas qu’il faille choisir entre deux domaines. Pourquoi choisir de couvrir les sports en direct plutôt que de réaliser des documentaires ? Pourquoi ne pas faire les deux ? Grâce à cela, je ne m’ennuie jamais. Cela permet d’apprendre de chaque expérience et de développer de nouvelles compétences. Rester ouverte d’esprit m’offre d’excellentes occasions d’essayer de nouvelles choses. »
Munissez-vous toujours d’une liste de contrôle ou d’un story-board de préproduction
« Aujourd’hui, on ne se contente plus de produire une seule vidéo », indique Aurélie. « Vous pouvez filmer pour la télévision ou pour YouTube, mais vous aurez aussi besoin de séquences pour les réseaux sociaux. Filmer pour Instagram est différent de filmer pour LinkedIn, vous devez donc dresser la liste de tous les contenus que vous souhaitez produire et créer un plan de production, sans oublier les photos et séquences de coulisses. Ainsi, lorsque vous êtes sur le terrain et que les événements se succèdent rapidement, vous savez exactement ce que vous avez à faire. Il faut toujours savoir ce que l’on va faire d’une prise de vue avant d’appuyer sur le bouton d’enregistrement. »
Développez vos autres compétences
« Multiplier les compétences est vraiment utile, car si vous n’avez jamais monté de vidéos, par exemple, vous oublierez certaines séquences pendant le cadrage », ajoute Aurélie. « Et si vous êtes monteur et que vous n’avez jamais filmé, vous ne comprendrez pas pourquoi certains choix de prise de vue ont été faits, car vous ne savez pas ce qu’implique la création d’images. C’est pour cela que je pense qu’apprendre les deux disciplines est important et permet de produire des vidéos de meilleure qualité. »
Savourez les moments presque irréels
« Parfois, on sent que tout ce que l’on a fait s’imbrique parfaitement ; ce sont des moments spéciaux, et je dois dire que le projet The Movement (à l’occasion du lancement du Nikon Z 8) était l’un d’entre eux. Ce voyage a été très émouvant pour nous, dans le bon sens du terme ! Parfois, il y a des moments où on peut par exemple atteindre le sommet d’une montagne avec quelques personnes, regarder autour de soi et se sentir exactement au bon endroit au bon moment. Je me sens épanouie. »
Utilisez les lieux de location d’équipements pour réseauter
« Pour tous ceux et celles qui espèrent travailler sur de grosses productions vidéo, comme des fictions au cinéma ou des événements sportifs en direct, je recommanderais aussi d’aller dans des magasins de location d’équipements et de discuter avec les personnes sur place », ajoute-t-elle. « Ils ont énormément de connaissances, sans compter que le réseautage est primordial. »
Organisez-vous
« Alors que la retouche peut être assez rapide en photographie, le montage et l’édition vidéo peuvent prendre entre trois semaines et deux mois, auxquels s’ajoutent plusieurs heures exclusivement pour les reels sur Instagram. Il existe des techniques pour devenir plus rapide, mais cela prend toujours du temps et constitue une grande partie de la vidéographie. Vous devez donc organiser vos prises de vue afin de pouvoir les assembler pour recréer l’histoire. Préparez une liste de contrôle avec tous les éléments dont vous avez besoin : plan d’ouverture, plan de clôture et séquences intermédiaires.
Vous n’avez pas besoin d’aller dans les Alpes !
Il n’est pas indispensable de se trouver dans une zone enneigée pour photographier des sports de montagne », explique Aurélie. « Vous pouvez photographier quelqu’un qui court dans une forêt ou qui fait du VTT. L’important pour moi est le lien entre l’humain et la nature. Faites vos prises de vue là où vous vous sentez à l’aise. »
Ce que j’ai appris au fil des ans…
« J’ai appris à me faire confiance », conclut Aurélie. « Ne pas avoir confiance en soi est un problème que l’on rencontre souvent chez les femmes. Il faut savoir se faire confiance pour sortir de sa zone de confort. C’est comme ça qu’on progresse. Et ça rend fière de soi. Travaillez et impliquez-vous : vous progresserez. »
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